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Embracer Group : l'ogre vidéoludique face à ses dérives

Embracer Group, reflet des dérives de l'industrie du jeu vidéo

Embracer Group, entreprise autrefois discrète, s'est muée en un acteur majeur de l'industrie vidéoludique, incarnant aujourd'hui les travers d'un secteur en proie à des difficultés structurelles. Malgré une croissance de marché apparente, l'industrie est secouée par des vagues de licenciements, contrastant avec les records de ventes de certains titres. Embracer Group, au cœur de cette contradiction, symbolise les maux d'un secteur en crise.

Initialement connue sous le nom de Game Outlet Europe, l'entreprise suédoise, fondée par Lars Wingefors, a débuté dans la distribution de jeux vidéo. Elle a ensuite entamé une expansion fulgurante, notamment avec l'acquisition de Nordic Games, JoWooD Entertainment, et les actifs de THQ, posant les premières pierres de ce qui deviendra THQ Nordic. Cette croissance s'est accélérée avec l'achat de studios tels que Experiment 101, Black Forest Games, et Pieces Interactive, avant de s'intensifier avec l'acquisition de Koch Media et Deep Silver.

Embracer Group a connu une période d'acquisitions massives au début des années 2020, avec des rachats notables tels que Saber Interactive, Gearbox, Tarsiers Studios, Piranha Bytes, Eidos Montreal et Crystal Dynamics. Le rapport financier de septembre 2023 révèle une augmentation spectaculaire du nombre de studios et d'employés, passant de 110 studios début 2020 à 194 studios externes compris, et de 3 109 à 16 601 employés en mars 2023.

La crise du Covid-19 a marqué un tournant, avec des investissements massifs dans l'industrie du jeu vidéo. En 2020, 33,6 milliards de dollars ont été investis, avec 12,6 milliards en acquisitions. Embracer Group a profité de cette période pour attirer des investisseurs internationaux, y compris le fonds public d'investissement d'Arabie Saoudite, Savvy Gaming Group, qui a injecté près d'un milliard de dollars dans l'entreprise.

Cependant, en mai 2023, un partenariat stratégique de 2 milliards de dollars avec Savvy Gaming Group s'est effondré, entraînant une chute de 40% de la valeur des actions d'Embracer et le début d'une crise interne. En réponse, Lars Wingefors a annoncé une restructuration majeure, impliquant la fermeture de studios, la suspension de projets et la perte de plus d'un millier d'emplois.

Derrière ces mesures se cache également une stratégie visant à alléger certains studios pour les rendre plus attractifs à la vente. De l'été à l'hiver 2023, Embracer est devenu le symbole des problèmes de l'industrie, avec des licenciements fréquents et une consolidation du marché qui met en péril la créativité et l'emploi.

Embracer se positionne avant tout comme un détenteur de licences, avec un portfolio de 921 marques. L'entreprise envisage le jeu vidéo comme un secteur parmi d'autres, cherchant à maximiser les profits via une stratégie transmédia. Cette vision déshumanisée a conduit à une série de décisions controversées, notamment l'annulation du remake de Star Wars: Knights of the Old Republic par Aspyr, transféré à Saber Interactive avant d'être potentiellement annulé.

Lars Wingefors, PDG d'Embracer, incarne cette approche mercantile, privilégiant les intérêts financiers au détriment de la passion pour le jeu vidéo. Malgré une communication axée sur le bien-être des employés et l'inclusion, les actions de l'entreprise révèlent une réalité plus cynique. La restructuration en cours et la réduction des risques indiquent un avenir incertain pour Embracer, qui semble avoir mal jugé la pérennité de la croissance post-Covid du marché du jeu vidéo.

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🕑 jeudi 29 février 2024 à 10:15
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